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lundi 12 juillet 2021

Arnaud-Guilhem de Barbazan, le chevalier sans reproche !


Principal conseiller militaire de René d’Anjou pendant la bataille de Bulgnéville, Arnaud-Guilhem
de Barbazan est un capitaine expérimenté et estimé de ses adversaires.

Le célèbre chroniqueur bourguignon, Olivier de la Marche, le présente d'ailleurs comme
"le chevalier sans reproche" ; c'est tout dire sur ses états de service guerriers !

 
Au service des ducs Louis d’Orléans et Jean de Berry

Originaire de Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, et faisant partie de cette noblesse du Sud-Ouest

fidèle au duc d’Orléans (depuis la fin du XIVe siècle), Arnaud-Guilhem, fils de Regnaut de Barbazan, est dès son plus jeune âge formé au métier des armes et s'avère être doué pour cela.

Il participe, à l’âge de dix-huit ans, à une expédition contre les Musulmans.

De retour de "croisade", il se met au service du duc Louis 1er d’Orléans (1372-1407) comme son père avant lui. En avril 1402, il a l'immense honneur de devenir chambellan du prince et le mois suivant,

il participe, en compagnie de six autres chevaliers français, au combat de Montendre en Guyenne qui
les oppose à sept chevaliers anglais. Les Français l'emportent, montrant ainsi tout le prestige de la chevalerie française. Après la victoire, le duc d’Orléans organise un festin mémorable à Paris.
Combat de Montendre (Enluminure du XVe siècle)

 En janvier 1404, Arnaud-Guilhem de Barbazan est envoyé en Lombardie avec un contingent d’écuyers gascons. A la tête du gouvernement royal, le duc d’Orléans place ses fidèles à des postes clefs de l’administration et nomme, en 1405, Barbazan, sénéchal d’Agenais.


A la mort de Louis d’Orléans, en novembre 1407, le seigneur de Barbazan se met tout naturellement
au service du duc Jean de Berry, chef des « Armagnacs ». Pendant plus de dix ans, il reste l’un des principaux capitaines, en affrontant les Bourguignons en Berry en 1411 et les Anglais
en Poitou et en Guyenne en 1412.
En 1417, le seigneur de Barbazan et ses hommes luttent vaillamment pour préserver la cité
de Corbeil des assauts répétés des Bourguignons.
Sceau de Barbazan - 1418


Le Dauphin fait appel à lui

A la mort du comte d’Armagnac, Bernard VII, assassiné en 1418 par les hommes de Jean Sans Peur,
il se range au côté du dauphin Charles de France, futur Charles VII. Le 1er juin 1418, il tente de reprendre Paris aux Bourguignons en vain ! Ensuite, il se rend en Poitou et en Touraine où
il reçoit le capitanat de Lusignan. Pour mener à bien sa mission, le Dauphin lui confie une
compagnie composée de 240 hommes d’armes et 240 hommes de trait (archers et arbalétriers).

Dès lors, Arnaud-Guilhem de Barbazan devient le principal conseiller militaire et le premier chambellan du dauphin. De 1418 à 1419, il participe activement aux négociations entre Bourguignons et Français.

Après le traité de Pouilly-le-Fort (11 juillet 1419) entre Jean Sans Peur (1404-1419), le duc de Bourgogne et Charles, le dauphin de France, Arnaud-Guilhem de Barbazan refuse la somme de
500 moutons d’or que souhaite lui offrir le duc de Bourgogne. Ce refus est motivé par l’assassinat
de ses deux anciens maîtres, le duc Louis 1er d’Orléans (1392-1407) et le connétable de France,
Bernard VII d’Armagnac (1391-1418).

Avec l’assassinat du duc Jean 1er de Bourgogne, sur le pont de Montereau, le 10 septembre 1419, Barbazan est immédiatement soupçonné par les Bourguignons. Clamant alors son innocence et,
pour échapper à la vindicte bourguignonne, il décide de s'enfuir !
Assassinat de Jean sans Peur au pont de Montereau. Enguerrand de Monstrelet, Chroniques (abrégé). Maître de la Chronique d'Angleterre, vers 1470-1480.
Paris, BnF, département des manuscrits, Français 2680, fo 288.


La prison

Dès la fin juillet 1420, Arnaud-Guilhem se trouve à Melun où il mène la défense de la ville contre les troupes anglo-bourguignonnes du roi Henri V d’Angleterre (1413-1422) et du duc Philippe III de Bourgogne (1419-1467) (un traité d’alliance a été signé entre ces deux royaumes, le 21 mai 1420).

Le siège s’achève le 17 novembre suivant par la reddition de la ville et la capture
d'Arnaud-Guilhem de Barbazan.
Ce dernier est emmené à Paris pour y être jugé comme meurtrier du duc Jean Sans Peur. Sous la torture, il avoue évidement, puis se rétracte en clamant haut et fort son innocence. La sentence tombe tout
de même : il est incarcéré pendant six ans. Une enquête est ensuite ouverte par
le Parlement de Paris pour essayer de trouver le vrai coupable.

Estimant qu'Arnaud-Guilhem de Barbazan est un seigneur de guerre trop précieux pour le parti français, les Anglais souhaite donc le garder le plus longtemps possible en prison. Cependant, en 1425, ils acceptent quand même de fixer une rançon, s’élevant à 32 000 saluts d’or.

Ne pouvant faire face tout seul à une telle rançon, le 14 mars 1426, le roi Charles VII ordonne
que 6 000 livres lui soit envoyée dans les plus brefs délais.
La somme demandée n'arrivant pas, Barbazan est déplacé et enfermé à Château-Gaillard
où sa détention devient plus pénible.

Une libération inespérée.

En février 1430, le capitaine Étienne de Vignolles (1390-1443), dit La Hire, s’empare de Château-Gaillard en profitant d'une négligence. En effet, en escaladant les parois de la forteresse, les hommes
de La Hire pénètrent dans la forteresse sans être repérés et libèrent Arnaud-Guilhem de Barbazan.

Ce dernier se porte immédiatement auprès du roi Charles VII de France, en résidence à Sully-sur-Loire.

Reprenant sa place au conseil, il est alors institué gouverneur de la Champagne et, en récompense
de ses précieux services, le roi de France lui octroie la somme de 2 000 livres.

Le nouveau gouverneur de la Champagne s'associe ensuite au duc de Lorraine, René d'Anjou, pour mener de rudes campagnes militaires en Champagne et en Bourgogne.

 
Bulgnéville, la fin

Connaissant bien Arnaud-Guilhem de Barbazan depuis qu’ils ont combattus ensemble par le passé, René d’Anjou, devenu duc de Lorraine, fait immanquablement appel à lui pour l’aider dans son différend l’opposant au comte de Vaudémont, féroce compétiteur et allié des Bourguignons.

La bataille qui s’engage, le 2 juillet 1431, près de Bulgnéville, va sceller le destin des deux hommes.

Bataille de Bulgnéville représentée dans une enluminure du manuscrit de Martial d'Auvergne, Les Vigiles de Charles VII, Paris, BnF, vers 1484.

Les troupes ducales de René 1er de Lorraine subissent, en effet, une défaite mémorable où le seigneur
de Barbazan y est grièvement blessé en tentant, vainement, de disloquer les rangs bourguignons.
Barbazan est alors transporter dans une maison de Bulgnéville où il décède. On peut d'ailleurs voir,
dans la rue de Bulgnéville qui porte son nom, une stèle commémorative placée
à l'emplacement de cette demeure.
En 1457, le roi Charles VII fait transporter les restes de Barbazan à la Chapelle de la Vierge à
Saint-Denis et mettre son tombeau près de celui des monarques français, après
lui avoir rendu les honneurs qu'il mérite !

Arnaud-Guilhem de Barbazan (Gravure de Gaignières du gisant se trouvant jadis
dans l'abbatiale de Saint-Denis)

__________


Arnaud-Guilhem de Barbazan reste dans les mémoires comme l'un des plus valeureux seigneurs, fidèles au parti français, en tentant de contrecarrer, à Bulgnéville, les prétentions du parti bourguignon.

Ce chevalier "sans reproche" mérite bien une place particulière dans l'histoire
de France et de la Lorraine.


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