Saint-André, petit village du Roussillon situé aux pieds des Albères, possède une remarquable
église abbatiale romane, qui a vu le jour grâce à des moines espagnols,
menés par un certain Miro, abbé d'origine wisigoth !
Le groupe de moines espagnols seraient ainsi venu en Roussillon pour fonder un monastère vers 800.
L'établissement originel se situait alors dans la haute Vallée de la Massane, à la Vall de Sant-Martí,
(la Vallée de Saint Martin de Montbram, aujourd'hui le hameau de Lavall).
En 823, l'abbaye, achevée, rayonna quelques temps dans la région
grâce aux comtes du Roussillon.
Ainsi, rapidement, la communauté monastique devint florissante grâce aux dons généreux
des comtes du Roussillon, Gaucelm, Bernard 1er de Septimanie et Miron 1er le Vieux.
Louis 1er le Pieux, empereur d'Occident (814-840) favorisa également le monastère.
Chevet - Abside et absidiole nord semi-circulaires à baie en plein cintre.
L'abside affiche une frise de lésènes ou bandes lombardes
Absidiole nord placée sur le bras nord du transept
Chevet - Abside et absidiole nord semi-circulaires à baie en plein cintre.
L'abside affiche une frise de lésènes ou bandes lombardes
En 1109, le monastère fut apparemment abandonné et les bâtiments délaissés.
Souhaitant sa résurrection, la comtesse Agnès, alors régente du comté de Roussillon en l'absence
de
son époux Girard 1er (1102-1113), parti en Terre Sainte avec Raymond de
Saint-Gilles pour chasser les infidèles musulmans de Jérusalem, décida
de confier le monastère délabré
à l'abbaye bénédictine de Lagrasse pour essayer de lui redonner vie.
En 1121, une nouvelle abbatiale fut consacrée par Pedro Bernardo, évêque d'Elne.
Vers 1151, une nouvelle communauté de moines fut ainsi dépêchée à Saint-André de Sorède.
En raison du conflit opposant le comte Gaufred III (1121-1164) et son fils Girard II (1164-1172),
l'abbaye Saint André en souffrit, à tel point que son expansion en fut ralentie.
En 1285, dans le cadre de la conquête du Roussillon, les troupes royales de Philippe le Hardi,
saccagèrent Argelés, Sorède, Saint André, Taxo d'Avall
et d'Amont, Palau del Vidre...
Évidement l'abbaye de Saint-André de Sorède fut endommagée.
Au XIIIe siècle, le monastère fut mal en point, une partie des moines ayant été pourchassés,
la communauté de quatre moines vivota longuement jusqu'à son rattachement à l'abbaye
Sainte-Marie d'Arles-sur-Tech en 1592 ; les moines de Saint-André de Sorède
continuèrent ainsi leur vie monacale en priant le seigneur, retirés du monde.
Avec la Révolution française, les derniers moines furent chassés et les bâtiments (cloître,
salle capitulaire, chauffoir, dortoir...) détruits pour récupérer les pierres de taille.
Aujourd’hui seule l'église abbatiale subsiste et fait office d'église paroissiale du village.
Chevet - Abside et absidiole sud semi-circulaires à baie en plein cintre
Chevet - Absidiole sud
L'église abbatiale, érigée aux Xe et XIe siècles, possédait alors une seule nef plafonnée.
Au XIIe siècle, des collatéraux
et un voûtement en plein cintre sur
doubleaux furent édifiés.
Plan de l'abbatiale
La façade de l’église et ses décors en marbre sculptés
Façade occidentale - Partie supérieure avec décor de lésènes et grande fenêtre
à piédroits et linteau en marbre blanc finement sculptés
Façade occidentale - Fenêtre : les symboles des évangélistes Saint-Mathieu (ange)
et Saint-Jean (aigle) sont figurés dans les deux médaillons placé en haut des montants.
Façade occidentale - Fenêtre : linteau avec ses médaillons (les deux du milieu montrent
quatre anges regroupés deux par deux sonnant du cor ; les deux autres affichent les symboles
des évangélistes : le taureau de Saint-Luc, à droite, et le lion de Saint-Marc
Façade occidentale - Sculpture figurant deux monstres dévorant
Façade occidentale - Portail avec en plein cintre avec son linteau en marbre finement sculpté
et son tympan orné d'un croix frappée d'un chrisme
Façade occidentale - Le linteau en marbre blanc, datant des années 1030-40, est une des pièces
majeures de l’art
roman, semblable à celui de Saint-Génis-des-Fontaines. Il représente le thème
de l'Ascension-Majesté où figure
un Christ bénissant, entouré de deux anges eux-mêmes
entourés de six
personnages (quatre apôtre et deux séraphins) situés chacun dans
un cadre constitué de colonnettes et
d'un arc légèrement outrepassé.
Façade occidentale - Linteau : Anges tenant la mandorle renfermant le Christ bénissant.
Deux séraphins croisant deux de leur ailes jouxtent les anges
Façade occidentale - Linteau : Christ barbu nimbé bénissant dans sa mandorle au galon perlée
Nef et chœur voûté en cul-de-four
Nef - Voûtement en berceau à sur
doubleaux
Chœur voûté en cul-de-four et éclairé par des baies en plein ébrasées
Chœur - Table d'autel romane aux entrelacs végétaux et arceaux en plein cintre occupant le pourtour
Bénitier roman à volutes, grappes de raisin et "vagues"
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