Dominant la vallée gardoise depuis son promontoire rocheux, le château-fort de Gicon mérite d'être
visité après un peu de marche. En grande partie ruiné, cette forteresse a été préservée grâce
à l'association "Les Amis de Gicon et du patrimoine de Chusclan" qui œuvre depuis 1990.
visité après un peu de marche. En grande partie ruiné, cette forteresse a été préservée grâce
à l'association "Les Amis de Gicon et du patrimoine de Chusclan" qui œuvre depuis 1990.
L'occupation de Gicon est probablement préhistorique (siège d'une des sept tours à feu celtes) ;
le site fortifié domine le passage antique du gué de Carmignan à 242 m d'altitude.
C'est en 1211, que le "castrum" de Gicon est mentionné pour la première fois.
En 1156, le roi Louis VII avait donné à l’évêque d’Uzès et ses successeurs plusieurs
castra et villa dont apparemment le château de Gicon.
En 1211, le roi Philippe II Auguste confirma la donation et y ajouta plusieurs autres
seigneuries dont celle associée au "castrum de Jocone".
En 1229, avec le Traité de Meaux-Paris, qui mit un point final à la Croisade Albigeoise,
la seigneurie et le château-fort de Gicon furent alors directement rattachés au roi de France,
dans le cadre administratif de la sénéchaussée de Beaucaire et Nîmes.
Mais Gicon n'eut sans doute jamais l'importance d'autres forteresses royales !
Le 3 juillet 1236, on apprend qu'un certain Bertrando de Jocone était co-seigneur des lieux.
Philippe le Bel octroya ensuite la juridiction, en totalité ou en partie, à Guilhem de Carsan, au
cardinal Napoléon Orsini, et à Guilhem de Saint- Just.
Ce dernier, chevalier du roi, nommé lieutenant du sénéchal de Beaucaire en 1307, avait
déjà obtenu du roi la haute justice de la seigneurie de Saint-Alexandre en 1306.
En 1312, Guilhem de Saint-Just reçu, sur sa demande, la seigneurie de Gicon avec le droit d’y
construire, à ses frais, une maison-forte. Désormais, il était possessionné à Chusclan avec
la maison-forte de Gicon et à Vénéjan avec son autre forteresse.
L'entrée en plein cintre du château et la maison-forte appuyée sur les vestiges des remparts
de l'oppidum celtique constitués de grosses pierres
Les murailles nord-est, nord et ouest formant
support à une terrasse du château-fort de Gicon
sont d'origine celte et furent remaniées à l'époque romaine
Rampe d'accès à la cour intérieure du château avec les colossales pierres celtiques
date de l'époque romaine avec quelques agencements médiévaux
La maison-forte a été construite en 1312 sur autorisation du roi Philippe le Bel.
Le déblaiement de la citerne de cette maison-forte a permis de découvrir
une pierre tombale romaine du IIe siècle après JC.
Coupe longitudinale et plan de la maison-forte
La maison-forte présente des caractéristiques structurelles qui existent dans plusieurs autres
forteresses de la région : la citerne située à l’intérieur du bâtiment avec des conduits lui amenant
l’eau depuis les terrasses et l’escalier dissimulé dans le mur avec entrée située
à plus de 2 m de hauteur, obligeant l'emploi d'une échelle.
Maison-forte - Porte d'entrée en plein cintre
Le logis seigneurial se trouve dans l’angle nord-est de la basse-cour, de plan rectangulaire,
il présente deux de ses murs, ceux de l’est et du nord, construits à l’aplomb du mur de
soutènement, organisation qui augmente les aplats verticaux extérieurs et semble
donner à l’édifice une vraie valeur seigneuriale, aux yeux des vassaux
de Gicon et des hôtes de marque invités.
Le logis seigneurial depuis la tour de garde est
Logis seigneurial - Passage voûté maçonné
Bergerie avec ses murs crénelés
Sur le front ouest, on découvre les restes d'une bergerie avec ses deux nefs par lesquelles
on accède au moyen d'ouvertures à arcs surbaissés latéraux ou par de grandes
ouvertures en plein cintre placée au bout des bâtiments.
Le long du mur oriental de la bergerie se trouve une citerne rectangulaire servant à conserver les
eaux pluviales recueillies depuis les toitures ou terrasses des bâtiments adjacents.
Le donjon au parement régulier
La construction du donjon remonte aux années 1200-1260, d'après étude des fondations.
L’irrégularité du nombre de trous de boulins visibles ne semble pas en relation avec une reprise
des travaux ; elle correspond plutôt à une modification de la technique employée
au fur et à mesure de l’avancée du chantier. A mi-hauteur, on décida donc
de choisir une autre technique de montage des murs du donjon.
Le bâtiment sud accolé au donjon est de construction plus récente, sans soute du XIVe siècle.
Mur ouest montrant les différentes époques de construction : un soubassement soigné
à pierres bien calibrées et régulières et au-dessus des pierres de tailles différentes
mais plus petites et agencées sans règle
En contrebas du château, une grotte naturelle servant jadis au culte druidique
a été réutilisée par les Romains puis les défenseurs médiévaux.
Intérieur de la grotte naturelle aménagée comme réduit défensif
Aménagée, retaillée, agrandie (plan : 8 x 12 m ; hauteur : 10 m), cette grotte a été décorée, au
moins sommairement ; il reste une grande plaque d’enduit, portant des traces de pigments
bleu-vert, accrochée à la paroi septentrionale.
L'une des falaises à l'ouest
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